Au cœur de nos forêts, une plongée immersive dans la nature du Liban
En moins de 50 ans le Liban a vu ses arbres disparaître peu à peu. Alors qu’en 1965, 35% du territoire libanais était encore couvert de forêts, elles n’occupent pas plus de 80 000 Ha aujourd’hui, soit à peine 7% du pays.
Il est probable que d’ici quinze à vingt années, la plupart de ces « 7% » auront été grignotés.
La forêt libanaise est le plus souvent mixte, elle est composée de chênes, qui représentent 55% du couvert forestier; de pins (12%), de genévriers (9%) et de cèdres (1%).
Mais une forêt représente bien plus qu’une réunion d’arbres en rangs serrés. C’est une communauté d’êtres vivants, du micro-organisme au grand cèdre millénaire, gérant en autarcie le cycle de la vie, de la mort et du renouveau.
Il y a plus de 9000 espèces vivantes répertoriées au Liban dont 4633 plantes et arbres.
Le livre Au cœur de nos forêts, réalisé en 2013 par Melkan Bassil
Comment photographier l’énergie que l’on reçoit au milieu de la forêt?
En abordant ce projet, il me fallait un fil conducteur visuel qui permette d’abord de faire ressentir l’énergie du lieu avant d’en permettre son observation. Dans la nature, nous ressentons instinctivement les notions de cycles, d’interaction, de symbolisme et de philosophie.
Dans la composition graphique du projet, j’ai choisi de suivre l’adage « Le Ciel est un rond, la Terre est un carré ».
La perfection du cercle. Sans commencement ni fin, sans variations, il symbolise le temps et le ciel. Le cercle était utilisé par les babyloniens pour mesurer le temps; il était divisé en 360° composés de six segments de 60°. Le carré symbolise l’homme et la terre. Associés, le cercle et le carré représente l’harmonie d’un couple d’opposés. Ils symbolisent aussi l’élévation de l’imparfait vers le parfait. A la Mecque, en tournant autour du cube de la Kaaba, les pèlerins réalisent spirituellement la quadrature du cercle.
A travers ce projet multimédia, j’ai voulu documenter les forêts, ce patrimoine naturel que nous avons mis en danger au fil des siècles, et dont nous héritons nous-mêmes dans un état de fragilité avancée.
Pourtant, nous possédons tous les moyens et les connaissances nécessaires pour mieux gérer notre rapport à la nature. L’écologie est non seulement une industrie rentable, mais également une industrie d’avenir. En nous inscrivant dans une dynamique constructive et participative avec la nature, nous assurerons non-seulement un meilleur futur à nos enfants, mais aussi probablement un meilleur équilibre économique.
Ce ne sont tant les initiatives privées qui nous manquent, qu’une conscience politique, économique et sociale résolument tournée vers demain. En fait, il ne s’agit même plus de stratégie à long terme, nous sommes déjà dans le temps de l’action.
Alors citoyens, à vos pouces, prêts, plantez !
Couché de soleil et mer de nuage sur le reste de la forêt de cèdres millénaires au nord du Liban.